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Jean-Pierre Pernaut

Jean-Pierre Pernaut

animateur et journaliste de télévision français 
Jean-Pierre Pernaut
Description de cette image, également commentée ci-après
Jean-Pierre Pernaut et Nathalie Marquay, sa compagne, en 2002.
Nom de naissanceJean-Pierre Alfred Xavier Pernaut
Naissance (70 ans)
Amiens (Somme)
Profession
Autres activités
Conjoint
Dominique Bonnet (divorcé)
Nathalie Marquay
Jean-Pierre Pernaut, né le  à Amiens (Somme), est un journaliste et présentateur de télévision français.
Il est présentateur sur TF1 depuis 1975, notamment du Journal de 13 heures depuis 1988, en remplacement d’Yves Mourousi et Marie-Laure Augry. Il lance en 1991 l'émission Combien ça coûte ?, qu’il présente jusqu'en 2010.
Diplômé de l'École supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1975, il fait son premier stage en journalisme dans le quotidien régional Le Courrier picard[8]. Il débute ensuite à la rédaction régionale Picardie de l'ORTF où il présente le journal régional. Entré à TF1 le , jour de la création de la chaîne, il présente le journal de 23 h jusqu'en 1978.
Coprésentateur du journal de 13 heures de TF1 aux côtés d'Yves Mourousi de 1978 à 1980, il est nommé grand reporter au service économique de 1980 à 1982, ensuite à la présentation du journal de 13 h et 20 h pendant l'été 1987. Le , il remplace Yves Mourousi et Marie-Laure Augry au journal de 13 heures. Il en est le responsable depuis cette date.
Il a également été chef adjoint du service reportages de TF1 et rédacteur en chef de plusieurs émissions comme Le rendez-vous d'Annick ou le présentateur du journal des vacances durant les étés 1982 et 1983, et Transcontinental de 1985 jusqu'en 1986, puis présentateur et rédacteur en chef de Combien ça coûte ? pendant 19 ans de 1991 à 2010 et du Monde à l'envers de 2007 à 2009 toujours sur TF1. Il est directeur adjoint de l'information du groupe TF1 et a été pendant 25 ans administrateur de TF1 S. A.
Il siègeait au conseil d'administration de TF1 en tant que représentant CFTC des cadres et des journalistes[9]. Il est réélu en  pour une période de deux ans, avec 64 % des voix. En , il ne demande pas le renouvellement de ce mandat pour se consacrer exclusivement à ses fonctions à l'information de TF1.
Jean-Pierre Pernaut se lance dans l'écriture théâtrale avec son épouse Nathalie avec la pièce Piège à Matignon, donnée en France depuis 2012. Il est également pilote automobile amateur et participe à plusieurs compétitions notamment le trophée Andros de course sur glace depuis 2004.

Journal de 13 heuresModifier

Réorientation du programmeModifier

Jean-Pierre Pernaut à Munich lors de la coupe du monde de football 2006.
En 1987, Francis Bouygues, après son acquisition, devient président de la première chaîne française. Un de ses projets est de transformer le journal de 13 heures, alors tenu par Yves Mourousi, hostile à la privatisation de la chaîne. Ce dernier est remplacé par la direction et Jean-Pierre Pernaut prend sa suite le . Ce changement de présentation a été perçu comme un moyen de réaffirmer le pouvoir de la direction sur sa propre rédaction[10],[11]. Il s'accompagne d'un recentrage sur les régions, pour concurrencer FR3 qui profite alors très bien de ses décrochages en région. Depuis 2018, il présente Le Plus Beau Marché de France dans le journal de 13 heures.
Dans son livre Pour tout vous dire, Jean-Pierre Pernaut explique les changements qu'il a opérés pour rendre le journal de 13 heures plus populaire, notamment à l'aide de correspondants dans les régions, une première à l'époque dans les journaux télévisés en France. Aujourd'hui, ce réseau de correspondants en régions est composé de 19 bureaux, la plupart en partenariat avec les grands titres de la presse quotidienne régionale.

Audiences et popularité du journalModifier

Cette orientation se révèle fructueuse, puisque les scores d'audience du journal sont meilleurs que ceux des autres chaînes, et contribue à la popularité du journaliste : celui-ci devient même un personnage important de roman dans La Carte et le Territoire de Michel Houellebecq[12], il fait l'objet d'une chanson du groupe Sexy Sushi[13], et est cité (en rapport à l’orientation régionale et rurale de son JT : voir plus bas) dans le titre Marly-Gomont. Jean-Pierre Pernaut est régulièrement sur le podium du sondage mensuel TV Magazine depuis sa création, figure parmi les « 50 personnalités françaises qui comptent » dans le sondage bi-annuel du Journal du dimanche[14].
Son journal est suivi chaque jour par six à sept millions de personnes. C'est un record européen à la mi-journée, avec une part d'audience d'environ 45 % (Médiamétrie). Jean-Pierre Pernaut présente le journal de 13H depuis 30 ans, ce qui représente un record en Europe. TF1 lui rend hommage pour les 25 ans le , en diffusant un reportage qui retrace ce quart de siècle au JT, ainsi que le  pour ces 30 de 13H où un JT entier lui est consacré avec des invités et l'équipe TF1. Il a, à ce jour, effectué 32 ans de présentation de JT au cours de sa carrière, soit plus de 8 000 journaux télévisés.
Selon une étude Médiamétrie de 2005, le téléspectateur type du 13 h de TF1 est une femme (57 % de l’audience contre 43 % pour un homme), de 65 ans et plus (41,5 % de l’audience), inactive (58,8 % de l’audience), vivant dans une commune rurale (33,8 % de l’audience), de l’Ouest de la France (17,1 % de l’audience)[15]. Un record datant de  a été battu le  avec 8,1 millions de téléspectateurs (44,6 % de part d'audience - 4 ans+ Médiamétrie). Un nouveau record de part d'audience a été battu en 2014, le , avec 47,6 % (médiamétrie individus 4 ans et +).

Journal tourné vers l'actualité nationale et régionaleModifier

Jean-Pierre Pernaut a donc fait le choix, payant en termes d'audience, d'orienter le journal de 13h de TF1 vers un portrait de la France « en région », ou vers ce que Catherine Clément (auteur d'un rapport sur la place de la culture à la télévision) appelle « l'exploration systématique du matériel français »[16]. Pour les journalistes Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts : À la base, ce journal était inspiré de ceux de New York One, la chaîne locale new-yorkaise, mais appliqué aux régions françaises : des reportages et peu de présentation. Même s'il ne reçoit que très peu d'invités, le fait que le 13 heures de Pernaut soit anti-élite, anti-administration, est un formidable moyen (au sens quantitatif, pas qualitatif) de faire passer n'importe quelle campagne (hausse du carburant, sécurité routière, insécurité) au sens où il est supposé porter la vraie parole du peuple. Même si c'est totalement faux, puisque la soi-disant parole du peuple passe par des micro-trottoirs auxquels on peut faire dire n'importe quoi[17].
Ce choix dicte le conducteur du journal, qui ne commence que très rarement par une information d'ordre international sauf circonstances exceptionnelles. Comme il le déclare à l'hebdomadaire Télérama : Le journal de 13 h est le journal des Français, qui s'adresse en priorité aux Français et qui donne de l'information en priorité française. Vous voulez des nouvelles sur le Venezuela ? Regardez la chaîne vénézuelienne. Sur le Soudan ? Regardez les chaînes africaines[18].
Sauf événement grave et/ou exceptionnel, comme un attentat ou décès d'une célébrité, la météo fait donc tous les jours le premier titre du journal[19]. L'ouverture peut être également consacrée à des événements anodins, communément appelés des marronniers (comme la floraison des amandiers sur la Côte d'Azur, en [20]).
Il lui est également reproché par quelques-uns de toujours traiter les mêmes sujets, et de respecter le même fil conducteur depuis des années. Le journal Libération évoque ainsi des obsessions déclinées à longueur de 13 heures : le prix du fioul (qui augmente), les grèves (qui déclenchent des « galères pour des millions d’usagers »), la grippe (et son évolution suivie jour après jour), la météo (qui ouvre systématiquement le journal)[21].. Jean-Pierre Pernaut assume cette orientation du journal en déclarant :
« Il faut savoir à qui l’on s’adresse. Nous, nous visons les habitants des petites villes et des villages. Pour cette raison, nous éloignons le journal de l’institutionnel. Quand un gouvernement annonce une augmentation du minimum vieillesse, nous n’allons pas interviewer le ministre, mais les personnes âgées. Notre ambition : la proximité[22]. »
Cette orientation fait l'objet de nombreux commentaires. Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts dans Libération moquent ce « JT en sabots crottés révérant les belles régions, les métiers oubliés et la maouche ardéchoise cuisinée comme grand-maman »[21]. Pour le journaliste Jean-Luc Porquet, Pernaut « offre aux téléspectateurs une France de rêve [...]. Il rassure, il endort, il calme les inquiétudes » et le fait selon lui consciemment : « il n'est pas le pur benêt de service qu'on croit : il participe sciemment à l'enfumage généralisé »[23]. En 2006, l'ancien ministre de la Recherche Roger-Gérard Schwartzenberg, dans son livre 1788 : essai sur la maldémocratie, voit en Pernaut la manifestation d'une dérive démagogique et dangereuse des médias français[24]Serge Halimi, dans Le Monde diplomatique, critique son racolage sécuritaire et son dédain de l’actualité internationale[25]. Jean-François Lauwens du quotidien Le Soir considère que Jean-Pierre Pernaut débite des « cornichonneries[26] ».
Le journal de Jean-Pierre Pernaut a également inspiré l'émission humoristique Bienvenue au Groland[27], diffusée sur Canal+ : le programme y reprend, par la caricature, le principe des reportages de proximité, et se moque des relents poujadistes[réf. nécessaire] vers lesquels peut tendre ce genre de traitement de l'actualité. Le présentateur de l'émission Bienvenue au Groland ne se prive pas, lors de la présentation des reportages décalés de l'émission, d'énoncer le nom de Jean-Pierre Pernaut, ce qui souligne bien la caricature. Ces critiques sont perçues par Jean-Pierre Pernaut comme la manifestation d'une fracture, culturelle et sociale, voire idéologique, entre Paris et la province : À Paris, on ne se rend pas compte de l’attachement des gens aux cultures régionales, que l’on assimile à du folklore alors que c’est profond, déclare-t-il en 2008 au quotidien Le Parisien[28].
Dans son livre Pour tout vous dire (Éditions Michel Lafon), Jean-Pierre Pernaut dénonce sa caricature en évoquant les nombreuses éditions spéciales du 13 heures consacrées à tous les grands événements internationaux qui ont marqué ces 25 dernières années, de la chute du mur de Berlin à l'élection de Barack Obama en passant par les attentats du 11 septembre 2001, la mort de Yasser Arafat, les guerres en Irak, au Kosovo, les révolutions arabes de 2011, etc. Il a, par ailleurs, été le premier journaliste de télévision française à pouvoir pénétrer dans la zone interdite de Tchernobyl 3 ans après la catastrophe pour une édition spéciale du JT en 1989.

Personnalisation de l'informationModifier

Séance de dédicace au Courrier picard (Amiens, 2011).
La présentation du journal par Jean-Pierre Pernaut s'inscrit en outre dans une personnalisation, et une théâtralisation, de l'information. Selon Françoise-Marie Morel, rédactrice en chef de l'information de TF1, Jean-Pierre Pernaut est le seul présentateur en France à ne pas utiliser de téléprompteur[29]. Les reportages sont souvent commentés par Jean-Pierre Pernaut, que cela soit par une rapide remarque admirative ou agacée, ou bien par des expressions d'ordre corporel. Ce qui a fait dire à Virginie Spies et à François Jost, sociologues des médias, que les mimiques [du journaliste] semblent vouloir faire vivre le récit tout autant que le récit lui-même[30]. Le journaliste n'hésite d'ailleurs pas à conclure certains sujets par quelques réflexions personnelles. Ses prises de position, en cours de journal, sur plusieurs sujets de société (grèves, hausse d'impôts, travail des députés, comportement de l'équipe de France de football ou débat sur le mariage gay), seront ainsi remarquées par la presse[31],[32],[33],[34].
Cette personnalisation de l'information ne va pas sans créer quelques controverses. En , sa présentation d'un mouvement de grève déclenche le courroux des grévistes. Son nom est scandé et déformé par des manifestants qui le transforment en « Pernod » – allusion à la marque de pastis et au cliché de la « France profonde »[35]. Le journaliste Bruce Toussaint s'en prend également à lui en ces termes : Le 13 heures est devenu une sorte de reflet de la France assoupie, idéal pour commencer la sieste. Que Pernaut soit de droite, conservateur et réac', ça ne me pose pas de problème. Le souci, c'est qu'il exprime ses opinions dans le JT[36][source insuffisante]. Il lui est régulièrement reproché de passer sous silence des évènements politiques significatifs, comme la vidéo du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux à l'origine d'une intense polémique en 2009[37].
Le , après la diffusion d'un reportage sur les maraudes de la Croix-Rouge, Jean-Pierre Pernaut fait une transition controversée avant une information sur l'ouverture de centres pour migrants en déclarant à l'antenne « Voilà, plus de place pour les sans-abri, mais en même temps les centres pour migrants continuent à ouvrir partout en France. Ouverture aujourd'hui d'un centre humanitaire pour héberger 400 hommes porte de la Chapelle à Paris, la mairie prévoit 50 à 80 arrivées par jour. Centre très provisoire pour les héberger quelques jours avant de les orienter ailleurs ! »[38]. Ces propos provoquent une réaction de la Licra et un rappel à l'ordre du CSA[39].

Quelques faits marquantsModifier

En France Info révèle qu'un témoignage diffusé dans le journal de 13 h était faux. Une attachée de presse du Conseil général des Alpes-Maritimes s'était fait passer pour une mère de famille en difficulté, victime de l'absentéisme de son enfant, afin de promouvoir une mesure initiée par Éric Ciotti (député, président du Conseil général, spécialiste des questions de sécurité à l'UMP). Interrogée sur cette faute, TF1 arguera qu'elle n'en était pas responsable et que le sujet avait été commandé aux équipes de Nice-Matin, qui rejetteront eux-mêmes la responsabilité sur NM-TV, l'une de leurs filiales[40],[41],[42].
En , un journaliste, Bastien Hugues, réalise un montage vidéo à partir de 19 JT de Jean-Pierre Pernaut. Cette vidéo, publiée sur Youtube et relayée par le site Rue89, met en évidence le champ lexical du bonheur utilisé à longueurs de reportages par Jean-Pierre Pernaut[43].
Le  à 13 heures, Jean-Pierre Pernaut fête son 30e anniversaire à la tête du deuxième journal d'Europe. L'équipe du 13 heures a retracé ses trente ans avec quelques reportages, montrant la popularité et l'importance du journal. Une cassette vidéo « nostalgie » a été offerte à Jean-Pierre Pernaut par Michel Izard, journaliste de la rédaction, dans laquelle sont recensés quelques reportages marquants, à l'heure où les reportages sont stockés sur des serveurs.
Le , il interroge en direct le président de la République Emmanuel Macron. L'entretien est entrecoupé de reportages sur la vie quotidienne des Français.

Émission Combien ça coûte ?Modifier

Jean-Pierre Pernaut présente du  au  l'émission Combien ça coûte ?, un programme consacré à l'argent et aux gaspillages économiques, créé en remplacement estival de Ciel mon mardi[26],[44],[45]. Présentée en seconde partie de soirée de 1991 à 1995, puis en première partie de soirée de 1995 à 2008, et enfin en journée durant le week-end de 2008 à 2010. Il a eu comme coprésentatrice Isabelle QueninLaurence FerrariSophie ThalmannÉvelyne Thomas (prime-time), puis Justine Fraioli en 2008-2009 (lors des hebdomadaires).
L'émission recevra en 1997 le 7 d'or du meilleur magazine de société[46]. Frôlant à plusieurs reprises les 10 millions de téléspectateurs, Combien ça coûte restera pendant 19 ans l'une des émissions emblématiques du succès de TF1 à cette période et Jean-Pierre Pernaut restera le présentateur de télévision qui a présenté le plus d'émissions en direct et en prime time.
Combien ça coûte a essuyé diverses critiques, assez proches de celles adressées au journal de 13 h. Le chercheur François Jost y voit la continuité du journal de Pernaut, c'est-à-dire la mise en valeur du « point de vue du contribuable » et un « certain discours de droite »[47]. Le journaliste Pierre Marcelle abonde dans ce sens : son JT et son souci populiste de l'argent public, c'est du pareil au même. Dans son premier, il [fait] la retape pour son second, et il n'y avait nulle raison d'en être choqué : tout ça se marie au petit poil dans une insignifiance très signifiante[48]. Virginie Spies, dans son essai Télévision, presse people: les marchands de bonheur, y décèle une « démonstration de force » de TF1, à l'instar d'autres programmes comme Sans aucun doute ou Pascal, le grand frère, au travers desquels la chaîne dénoncerait « les injustices qui arrivent à cause de l'État, puis le remplace pour réparer et faire mieux que lui »[49].

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